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Après deux ans de statu quo, la rémunération du Livret A tombe à 2%

Sans surprise, le taux de rémunération des quelque 46 millions de Livret A va reculer d'un quart de point à partir du 1er août prochain pour atteindre 2% au lieu des 2,25% en vigueur depuis deux ans.

Plusieurs autres produits d'épargne réglementée, dont la rémunération est indexée sur celle du Livret A, vont subir le même sort: le Livret Bleu, le Codevi, le Livret d'épargne populaire (LEP) et le Compte épargne logement (CEL), selon l'avis publié samedi au Journal Officiel.

Ces taux s'appliqueront au minimum jusqu'au 1er février 2006.

Après une baisse brutale du taux en août 2003 de 3% à 2,25%, un dispositif automatique avait été créé pour dépolitiser la fixation de ces taux qui donnait lieu à chaque fois à des débats passionnés.

Ce dispositif prévoit une actualisation semestrielle, au 1er février et au 1er août, qui résulte d'une moyenne entre l'inflation hors tabac et les taux d'intérêt à court terme (Euribor 3 mois), majorée de 0,25 point.

Les données du mois de mai, prises en compte normalement pour l'échéance d'août, laissaient déjà présager une baisse à 2% mais le gouvernement avait souhaité attendre les chiffres plus récents de l'inflation pour juin.

Les chiffres de juin l'ont confirmé: l'inflation hors tabac publiée le 13 juillet est de 1,6%, la moyenne de l'Euribor 3 mois de 2,11%. Majoré de 0,25 point, le taux ressort à 2,105%, arrondi à 2% en vertu de la réglementation.

Mais une clause de sauvegarde peut être activée en cas de "circonstances exceptionnelles" et si le nouveau taux ne permet pas "de préserver globalement le pouvoir d'achat des épargnants".

C'est au gouverneur de la Banque de France - qui effectue les calculs chaque semestre avant de transmettre le nouveau taux au directeur du Trésor - qu'il appartient d'appliquer cette dérogation s'il l'estime nécessaire.

"Le directeur du Trésor est lié, il ne fait que procéder à la publication du taux lorsque celui-ci est modifié", explique un proche du dossier.

Cette baisse est "justifiée" au niveau économique, estime un observateur. Elle devrait également entraîner une hausse de la consommation et de meilleures conditions de financement pour le logement social.

En août 2003, la baisse de 3% à 2,25% avait entraîné une décollecte (retraits nets) de 1,6 md EUR en fin d'année puis de 1,3 md EUR en 2004. Entre le 1er janvier et le 31 mai 2005, une collecte nette de 865,2 M EUR a été enregistrée.

Mais le recul du taux pourrait aussi aggraver la morosité des Français qui entretiennent un rapport plus affectif que financier avec le Livret A, souvent ouvert par un proche et premier instrument financier des plus jeunes.

Au 31 décembre 2004, sur les 24 millions de Livret A de la Caisse d'Epargne, environ 72% ont un encours moyen égal ou inférieur à 1.500 € et 7% ont un encours moyen supérieur ou égal à 15.000 €.

A la même date, à La Poste, 60% des 21,5 millions de Livret A ont un solde moyen inférieur à 150 €. Ils représentent en volume 1% des 46,4 mds EUR d'encours mais 45% des opérations au guichet.

Le recul du taux du Livret A pourrait entraîner un nouveau recul des commissions des réseaux de collecte, après celle de 0,10% intervenue début 2005 à 1,4% pour La Poste, 1,1% pour les Caisses d'Epargne et 1,2% pour le Crédit Mutuel (Livret Bleu).

Les fonds collectés sur le Livret A (114 mds EUR d'encours à fin décembre 2004) sont gérés par la Caisse des dépôts et servent à financer le logement social.

Au total, l'établissement public centralisait à fin décembre 225 mds EUR d'encours provenant de l'ensemble des placements sur les produits d'épargne réglementée.



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